Missak et Mélinée Manouchian

Réfugiés arméniens

Missak Manouchian (ou Manoughian) né en 1906 à Adiaman (Turquie) est entré en France le 16 septembre 1925. Mélinée Manouchian née le 13 novembre 1913 à Istanbul est arrivée en France le 26 novembre 1926 venant de Grèce. Tous deux étaient rescapés du génocide des Arméniens en Turquie et orphelins. Tous deux ont été reconnu réfugiés au titre de l’arrangement de 1924 puis de la Convention du 28 octobre 1933. Misssak et Mélinée se sont mariés le 22 février 1936 au Liban.

Adhérent au Parti communiste français à partir de 1934, membre du groupe arménien, Missak participe au mouvement Amsterdam-Pleyel contre la guerre. En tant que membre de l'Association des écrivains communistes, il correspond avec les poètes arméniens Avétik Issahakian et Archag Tchobanian, qui joue un rôle important dans la communauté et dans les instances de protection des réfugiés arméniens en France. Membre des Francs-tireurs et partisans - main-d'œuvre immigrée (FTP-MOI),  unités de la Résistance communiste fondées en avril 1942 pour conduire la guérilla urbaine en France contre l'occupant nazi, Missak Manouchian est nommé responsable de leur commandement militaire pour la région parisienne en août 1943. Arrêté le 16 novembre 1943 et livré aux Allemands, Missak Manouchian est fusillé le 21 février 1944, au Mont Valérien, aux côtés de 21 autres combattants FTP-MOI, à l’issue du procès dit de l’Affiche rouge, du nom de l’affiche réalisée par la propagande allemande représentant 10 des 22 hommes arrêtés (dont Manouchian), et listant les crimes dont ils sont accusés. Mélinée, elle-même militante communiste, est cachée par les Aznavour dont elle était proche et échappe à cette arrestation.
Mélinée Manouchian a quitté la France pour l’Arménie soviétique en 1945, sur invitation du gouvernement sur place. Sa demande de visa de sortie pour rentrer en France quatre mois plus tard lui ayant été refusée par les autorités soviétiques, elle a poursuivi des études en URSS et a du prendre la nationalité soviétique. Les difficultés rencontrées et les pressions rendant difficiles les voyages en France pour voir sa famille, elle a décidé de rentrer en France en 1964 et a demandé, et obtenu, la reconnaissance de la qualité de « réfugiée d’origine arménienne » en 1974. Elle contait sa demande par ces lignes
 

« Mon adolescence et ma jeunesse passées à aimer la France, et surtout mes services rendus pendant la guerre aux côtés de mon mari Manouchian, ont fait que je veuille vivre et mourir dans ma patrie d’adoption »

Inhumé au cimetière d’Ivry-sur-Seine avec sa femme, décédée en 1989, Missak Manouchian est entré au Panthéon le 21 février 2024 par décision du Président de la République avec Mélinée.